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samedi 30 juillet 2016

Cuba, terre de contradictions !

Nous voilà rentrés de notre premier périple à terre sur la plus grande des îles des Caraïbes, Cuba. Pour apprécier et comprendre notre séjour, vous devrez lire plusieurs articles ; un premier, notamment rédigé par Alex, qui vous parlera du fond, de ce qui fait Cuba, car c’est bien là toute sa particularité. Et un second plus léger, plus illustratif, qui vous détaillera notre trip d’une semaine. Non pas qu’en une semaine, nous prétendons connaître cette île, loin de là, mais cela nous aura permit d’avoir un premier aperçu de ses nombreuses contradictions.
Bonne lecture et à très vite.

On vous embrasse.


Hasta la victoria, siempre !

Je ne vais pas m'attarder ici à vous décrire les cartes postales de Cuba, les images connues et reconnues des voitures américaines arpentants les rues de la Havane, du Cubain grattant la guitare au détour d’un chemin arborant les tags aux effigie du Che, ou encore de là grand-mère débardeur sous les seins roulant des cigares barreaux d'chaises... Non, curieux de l'histoire révolutionnaire d'une île caribéene torturée, j'y venais affiner les connaissances que l'on m'avait servit au travers de lecture et docu, mais préférant toujours me faire ma propre idée... 

C'est donc l'esprit curieux que nous faisons nos premiers pas en territoire cubain. Documenté sur ce pays multifacettes, il nous tardait de nous mêler à cette histoire si particulière et omniprésente. C'est sur cette île, la plus vaste de la Caraïbe, qu'un homme allait planter au cours du XXème siècle une étoile rouge, créant ainsi un satellite du géant soviétique au porte du géant Yankee alors en pleine guerre froide, afin de guider un combat, celui des pays d'Amérique Latine contre le système capitalisme du nord. Il y renversa le pouvoir et y mène d'une main de fer depuis maintenant plus de 60 ans, sa politique de socialisme révolutionnaire. Car oui, Cuba est toujours en révolution ! 

Pintura mural / La Havana
Peintura, parada Bus Viazul / Santa Clara
Museo de la Revolucion / La Havana
Plaza de la Revolucion / La Havana
Après avoir pris le pouvoir, il y installa une politique communiste ferme, nationalise toute l'industrie du pays et y met en place les libretas, carnets de rationnement. De tout nos voyages, jamais il n'a été si important d’en connaître l'histoire pour comprendre dans quoi nous allons être guidé malgré nous. Car Cuba ne se visite pas sans guide, un guide invisible certes, mais commis d'office, et dont vous aurez mal à vous échapper... Ce guide à un nom bien sûr, un visage, il est omniprésent, peint sur les murs, dans les salles de cours et sur 80% des supports littéraire Cubain, ça non, vous ne lui échapperez pas... 
Fidel a depuis peu ouvert le pays au tourisme, et les touristes y affluent. Ce tourisme de masse est parqué au travers des quelques centres d'intérêt choisi par le gouvernement. Comment guider une telle masse de gens me direz vous ? Le plus simplement du monde : créez lui une monnaie propre, des transports, des logements, des restaurants tout en lui interdisant l'accès à la vie cubaine, il n'aura d'autre choix que de s'y plier. Et vice et versa bien entendu. Vision un peu exagérée certes, car il est possible de louer un véhicule et de gagner ainsi son autonomie. Cela sera possible pour ceux qui on la chance d'en trouver un de disponible et dont le portefeuille déborde. Le premier prix est à 80 euros la journée, nous ne nous sommes pas renseigner pour une berline... A ce tarif là, alors que nous y mangions un burger pour minimum 14 euros contre 1,50 ici, nous avions deux jours de location aux Bahamas. De toute façon rien de disponible en ce moment.
J'avais particulièrement envie d'échanger avec les cubains, connaître leur point de vue et leur sentiment sur cette liberté offerte par ce socialisme révolutionnaire, dictature communiste appauvrissant le pays chaque jour un peu plus. Peu parlent le français, heureusement Mel maîtrise un espagnol assuré, franc et n'est pas timide. Elle fera donc la traductrice pendant ce voyage. Les occasions sont cependant assez rares pour aborder ces points délicats avec les locaux. Car si nous n'avons eu aucun mal à les emmener à discuter de ces sujets, sur lesquels ils glissaient avec plaisir, ce n'est pas sous couvert du calfeutrage des fenêtres, des volets, d'une musique de rue, ou en murmure. La peur de la délation et bien la, Joël nous l'avouera à voie basse dans son magasin de bijoux... 

Trinidad
Trinidad est une ville touristique, sans conteste. Ces foules déversées quotidiennement par les autobus ont métamorphosées cette petite ville de bourgade colorée aux rues pavées. Ici, les maisons qui ont pignon sur rue, ouvrent désormais leur porte et proposent aux passants étrangers les babioles souvenirs exposées dans ce qui, quelques heures plus tard, quand le calme aura regagné les rues, redeviendra le salon d'une famille modeste. C'est ainsi que nous entrons chez Joël, un des cinquante mille habitants la ville. Sa femme, assise sur un tabouret nain, coud des nappes décoratives avant de les exposer sur les murs de la pièce tandis que des dizaine de colliers de graines s'étendent sur des tables faites de planches et trépieds. Les prix sont dérisoires et la qualité de l'artisanat fait main, bien présente. Joel à la quarantaine, deux enfants, et comme un faible pourcentage de Cubain, a su tirer profit de cette arrivée en masse de devises étrangères dans sa ville. Il est bavard, très bavard... Sa boutique n'est qu'un passe temps, il a monté une « Casa particular", une des quasi 1000 chambres chez l'habitant de la ville. Les tarifs oscillent entre 20 à 40 $ la nuit, un tiers étant reversé comme impôts. Environ deux fois le salaire mensuel distribué aux camarades par le gouvernement, 18$ mensuels. Inutile de préciser qu’un fossé se creuse vitesse grand V entre ces villes « visitées » et le reste du pays. Nous converserons un long moment dans sa boutique alternant coup de gueule et chuchotement. Il nous en apprendra long sur la vie cubaine vécue par un Cubain. Parmi les choses marquantes, à titre d’exemple, il accepte mal l'endoctrinement de ses enfants par le parti. Car c'est bien le parti qui éduque. Ainsi, comme j'avais pu le constater peu de temps avant en discutant avec un professeur d'anglais de Trinidad, lequel m'était assez antipathique, l'éducation cubaine est (selon eux) la plus performante et ne tolère aucune remise en question, d'ailleurs c'est la seule qui est gratuite dans ce monde, le saviez vous ? En toute logique, quand Joel explique à son enfant de 8 ans une version légèrement différente de celle enseignée sur les bancs de l’école, il se voit convoqué par l'établissement et contraint de corriger sa version des faits à son chérubin. Sinon ? Sinon, on ne sait pas...
Nous aurons à plusieurs reprises l'opportunité d'être enrichie par ce genre de rencontre, aussi éphémère que fortuite. Franck, serveur dans un bar d'état, cumule deux emplois à la cinquantaine passée. Une Casa particular, qu'il gère les jours où il ne travaille pas et barman pour le compte du parti de 7h du mat à minuit, le reste du temps. Il sert à une jeunesse touristique pleine aux as des mojitos bon marché et excellents... 
Manuel, le seul Cubain parlant français avec qui j'ai pu parler, est de passage à Cuba pour 3 mois. Il vit en France, sur Paris depuis 4 ans, travaille au black sur des chantiers et touche le RSA. Trop dur sur Paris, il a décidé de rentrer sur Cuba mais ayant vécu 4 ans à l'étranger, il n'est autorisé à resté que trois mois sur le territoire, il se retrouve Cubain destitué ! On sort de bars, un peu éméchés et la voix de ce Manuel marginalisé porte. Nous sommes assis sur une terrasse et sirotons un devinez... Il aborde sans complexe les sujets les plus délicats et les sons « Castro, Fidel, Raul, c'est le bordel ici », intriguent. Quelques minutes plus tard, les portes des serveurs de mojitos se ferment, nous devrons partir, fin des discutions...
Le lendemain matin est rude. J'ai abusé du rhum et mon estomac ne supporte plus ces excès... Nous marchons dans les rues de Trinidad sous une chaleur accablante en attente d'un transfert pour le village de Topes de Collantes, on su à grosse goûte. Il se situe à presque mille mètres d'altitude, l'air y sera frais, les touristes plus rares. Depuis la Havane je ne supporte plus les agressions permanentes des taxis, vélotaxi, musiciens et toutes autres excuses pour vous taxer du blé. Les musiciens tiens... 
Mondialement connue pour sa musique, Cuba fourmille de petits groupes qui déambulent dans les rues. En terrasse d'un café, au restaurant, les musiciens viennent vous offrir les airs cubains contre la pièce où le billet, mais le billet c'est mieux. A La Havane, la déception est de mise, car si la musique y est omniprésente, la variété manque. Sur la bonne vingtaine de groupes que l'on a vu défiler, tous sans exception ont jouer exactement les mêmes morceaux... Compay Segundo et le Buena Vista Social Club sont largement représentés, mais non, aucune composition inconnue. Toutefois, UN groupe de jeunes aura fait mouche à Trinidad avec un répertoire personnel mêlant rock et folklore Cubain, un délice !
Les balades en ville m'insupportent de plus en plus. Les sollicitations que suscitent notre richesse tant convoitée, rendent ces moments invivables. De plus, les cubains sont au cas par cas très sympathiques, mais d'un point de vue d'ensemble, sont d'une tristesse déconcertante. Nous ne retrouvons pas ici la chaleureuse humeur qui fait force en Caraïbes, les sourires sont rares. Nous mettrons cela sur le compte de ces longues années de privations, forgeants ainsi un caractère rude et des traits de visage fermes. De ce point de vue, on ressent plus la bonne humeur légendaire d’ex URSS que le frivole caribéen !
Nous partons donc pour deux jours de balades en forêt. Nous avons loué deux chambres dans une casita au cœur du parc, il va s'avérer que l'on y sera seul... 





Je me sens ici plus chez moi. On ne croise pas grand monde, la nature est envahissante, humide ; oiseaux et insectes mêlent leurs chants, créant une atmosphère envoûtante, le pied ! Chaque jour les orages déchirent le ciel vers les quatre heures de l'après midi, Mel sursaute, ces décharges d’énergie m’impressionnent. On savoure ces deux jours salvateurs, au programme, balades en forêt, accumulation de courbatures et photos pleine nature.

Nous retournons au bateau épuisés par cette semaine mouvementée. Rarement nous aurons autant arpenté les rues. Je suis plutôt du genre à me poser pour m'imprégner d'un lieu, Mel à flâner et Aurel, lui est plus d'humeur vagabonde pour en voir le maximum. Nous aurons mêlé ces attitudes et sans avoir vu le tout Cuba, rentrons avec les quelques réponses que nous attendions et Aurel avec ses clichés. Les 6 heures de bus s'achèvent bientôt, nous débarquons à Varadero. Un dernier taxi et nous serons à bord de Véga qui nous attend dans cette marina déserte. On prévoit la journée de vendredi pour préparer le bateau puis ferons route vers l'est de l'île et ses cayes qui s'étendent sur les 120 premiers miles. Ensuite il sera temps de lâcher Aurel pour continuer sur les villes plus perdues de Cuba. Peut être y trouverais-je de nouvelles réponses…

Cuba y Cuba !

Quel étrange titre me direz vous... Mais il en est ainsi. Lors de ce premier périple sur la terre de Castro - parce qu'elle est bien à lui, ainsi que tous ses habitants - nous avons aimé et détesté Cuba ! Sous couvert d'un socialisme révolutionnaire et d'une lutte incessante contre le capitalisme et ses envahisseurs, Castro a "pourri" ce bijou des Caraïbes. Le tourisme y est puant et détestable. Après Varadero, où nous avions laissé le voilier pour une semaine, nous sommes allés à La Havane et à Trinidad. Impossible de se rendre à Santiago de Cuba pour y assister à son carnaval, plus de place dans les transports pour touristes et on s'est vu refuser l'accès aux trains, réservés aux Cubains ! Et oui, ça marche comme ça ici : comme il y a une monnaie pour les cubains et une pour les touristes, il y a les transports cubains et ceux pour les touristes et il en est de même pour les logements, les magasins, les restaurants... Bien que cela soit en train de changer, apparemment, il y a des choses qui ne trompent pas ! Vous êtes comme dans un grand voyage organisé où sortir des sentiers battus vous demandera persévérance et parlementation... Les 5 ou 6 mêmes destinations sont constamment proposées aux touristes et donc assez facilement accessibles : La Havane, Trinidad, Cienfuegos, Vinales, Santa Clara, Varadero, ... Ces villes / villages bénéficient des infrastructures nécessaires et sont rénovées ou en cours de rénovation. Malgré ce tourisme agressif et la forte sensation d'être pris pour un portefeuille ; comme vous l’a dit Alex, nous avons eu la chance de rencontrer quelques cubains sympathiques avec qui nous avons pu échanger sur le pays et sa situation. 


C’est ainsi, que jeudi dernier nous nous sommes rendus à La Havane en « taxi colectivo », arrivés un peu tard, nous trouverons dans la rue (les sollicitations ne manquants pas) une Casa Particular chez Miguel et sa femme Mireya. Ce couple habite un petit appartement à la Havana Centro, à la limite de la Havana Vieja. Nous y serons très bien accueilli, ils sont adorables. Ils font cela depuis seulement 3 mois. En gros, nous avons une chambre avec 1 lit double et 1 lit simple, ainsi qu’une salle de bain pour 30€ la nuit. Nous comprendrons très vite qu’il s’agissait avant de leur chambre et que eux dorment maintenant dans une minuscule pièce juste à côté. Mais cela en vaut la peine, ils gagnent en une journée, ce que chacun gagnait en 1 mois ! 












Daniel Buren et ses fameuses bandes de 8,7 cm / La Havana



El Che y Camillo Cienfuegos / La Havana
Moi qui était venue il y 7 ans maintenant, j’hallucine un peu, les travaux de rénovation du centre ville et notamment de ses bâtiments, sont considérables, par certains endroits on se croirait en plein Paris ! 






La Havane est très étendue et nous aurons notre compte de marche pour les mois à venir. Les quelques clichés qui suivront vous donneront un aperçu de la ville. Un point positif non négligeable, duquel nous avons largement profité, est les bons petits plats et les cocktails cubains ! A coup de Mojitos et Cuba libre nous aurons su arroser nos soirées ;-)



Après 4 jours à La Havane et sa folie urbaine, nous prenons donc le bus pour Trinidad, ville qu’Aurel souhaitait absolument faire et qui nous semblait être un bon compromis entre le Cuba urbain, touristique et villageois. Il s’avèrera que c’est certainement un des lieux les plus visités de Cuba ces dernières années… Pour nous loger, nous n’aurons pas eu la même chance qu’à La Havane, nous sommes là, tombés, sur une espèce de famille tenant un « hostal », entre la Casa particular et l’hôtel, avec 7 chambres à louer. De 25 € la nuit, nous passerons à 30, puis avec le petit déjeuner obligatoire à 5€ et si non restons 2 nuits, il faut diner sur place au moins une fois. Le prix est dérisoire et la volonté de nous faire manger à l’hostal pour gagner plus, compréhensible, mais la manière de faire et de nous parler est détestable. Le comportement de cette mère de famille avec ses employés, cubains, est à vomir. Serait-ce les prémices d’une nouvelle bourgeoisie cubaine ?!?





Bref, nous partirons très vite nous réfugier en montagne, à l’air frais et à l’abri des « aboiements » des jineteros (rabatteurs) ! Ces 2 journées nous ont fait un bien fou. Nous étions les seuls touristes  étrangers à loger sur place, la plupart font les randos sur la journée et s’en retournent à Trinidad. Topes de Collantes est un lieu de vacances « nature » pour les Cubains, il y a 4 hôtels qui leur sont réservés plus 2 hôtels pour touristes étrangers auxquels ils ont accès à moitié prix. 
Les ballades sont raides, mais le spectacle magnifique et l’eau fraiche ! Nous avons notamment fait le « Salto de El Caburni », avec à l’arrivée une cascade est des bassins naturels. 















Après 2 nuits au frais, nous repartons sur Trinidad où nous prendrons le bus pour s’en retourner à Varadero retrouver Vega !

Pour la suite de notre voyage à Cuba, nous ne saurons trop vous dire… Nous allons nous diriger vers Los Cayos del Norte et trouver des spots pour plonger et chasser et nous verrons si nous pourrons accoster pour partir à la découverte des villes et villages moins touristiques… Il reste 10 jours à Aurel avant de reprendre l’avion pour la métro et nous avons, nous, un visa jusqu’au 18 aout, renouvelable 1 fois, si nous le souhaitons… A voir !

Hasta pronto amigos ! 

jeudi 21 juillet 2016

Bienvenido a Cuba !

Nous sommes donc à la Marina de Varadero depuis dimanche et nous partons aujourd’hui pour Santiago de Cuba, mais sans Vega. Nous le laissons à la marina. Naviguer à Cuba n’est pas chose facile, dans les « cayos » il y a très peu de fond et surtout il est souvent interdit de descendre du bateau. Même dans la marina, nous ne pouvons en sortir en annexe. C’est assez compliqué, nous n’arrivons pas bien à comprendre cette « sécurité excessive, mais ils doivent avoir leur raison… Bref, du coup nous avons décidé d’aller profiter des terres et notamment du plus grand carnaval de la Caraïbe, celui de Santiago. Mardi nous avons loué un scooter pour aller à Varadero, mais sans grand intérêt... 


Comme prévu, Aurel est bien arrivé mardi soir sur Vega. Les gars auraient aimé aller chasser hier, mais comme je vous l’ai dit, ils n’ont pas eu le droit de sortir du port… Nous avons donc passé la journée à manger et boire des cocktails ;-) Puis petite soirée tapas sur le bateau, avec fromage, saucisson et vin qu’Aurel nous a gentiment rapporté ! 



Voilà pour les petites nouvelles, le prochain article sera dans 8/10 jours à notre retour de Santiago.
On vous embrasse.

NB : pour ceux qui essaient de nous appeler via FB, Skype ou WhatsApp, ça ne marche pas, seuls les messages textes fonctionnent. Encore un mystère de Cuba ;-)